Stardust où la chronique d'une mort écartée

Automne, fin de 20ème siècle.
Saint-Mandrier sur mer, près de Toulon.
J'y suis charpentier de marine en devenir.
Par une nuit très ventée, l'amarre qui retient Stardust à son corps-mort se rompt.
Le voilier est alors projeté contre la digue, il perd son lest par plus d'un mètre de fond.


Son salut, il ne le doit qu'à sa réserve de flottabilité :
de gros blocs de mousse, répartis un peu partout.
Et lorsque je l'aperçois pour la première fois,
il est amarré au quai du chantier. En sursis.
Vision étrange: le pont de Stardust est tout juste au dessus de l'eau.
Quelqu'un est à ses cotés, Pascal.
Il arrive de Marseille.
Très ému.
Cette Corvette a appartenu à son père.
Et des souvenirs d'enfance remontent en surface…

Nous montons ensemble à bord et ouvrons le panneau de descente.
Imaginez un trou béant de 2,50 mètres de long sur plus d'un mètres de large
et vous aurez une idée de l'aquarium qui nous attendait.


Pascal et moi nous lions d'amitié et très vite, il me suggère l'idée de restaurer
cette Corvette vouée à la tronçonneuse.
L'agence qui s'occupe de l'affaire en demande 1000 frs (150€).
le gréement, les voiles et le moteur sont en bonne état.
Là n'est pas vraiment la question.
Mais la tache qui m'attends semble si difficile.
Cela paraît un peu fou cette restauration en solo.
Mais l'amoureux des voiliers, que je suis trouve là l'occasion
d'avoir son premier voilier.
Deux où trois jours suffisent à prendre la décision


Six mois après, Stardust remettait les pieds dans l'eau,
comme si rien n'était…

Première étape : récupérer le lest.

Ramener à l'air libre 300 kilos de fonte par un à deux mêtres de fond,
cela peut paraitre une tache des plus ardues.
Pas tant que cela avec un peu d'imagination, une plongée
un palan, deux tubes en acier de longueur adéquat,
et une benne métallique, que le hasard a bien voulu
placée judicieusement pour l'opération…









Avez vous remarqué ? Les varangues (pièces de renfort)
sont restées sur le lest…

Deuxième étape: concevoir et fabriquer un berceau pour l'animal blessé.

Le chantier A.C.S.M, où je travaillais, possédait encore les plans de la Corvette.
Eh oui, il en avait été le principal constructeur, pour la Méditerranée, auparavant.
Cela m'a permis de tracer les plans d'un ber, adapté à la situation.

Et enfin, après déplacement sur une civière,

le blessé est déposé sur son lit afin d'ouvrir la plaie un peu plus…_








Plus l'auscultation se peaufine,
plus, nécessité oblige, j'enlève de plus en plus de contreplaqué.






Pour retrouver les formes originelles, des gabarits provisoires,
en contreplaqué, sont répartis à distance égale.




Ce travail de préparation se fait avant tout à l'œil, au jugé,
car les plans retrouvés ne correspondent pas à cette Corvette.
Ici, vues de l'étrave renforcée, du brion refait, tout comme la quille.

Page1> > > > > page2